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Mémorial des Rois,
section  perse                          
Interview de la Shahbanou d'Iran
Sa Majesté l'Impératrice Farah PAHLAVI

Propos recueillis par Vincent Meylan,

Point de Vue n° 3236
semaine du 28 juillet au 3 août 2010
Dans quelques jours vous serez au Caire pour les cérémonies de commémoration de la mort de votre époux. Ce 30e anniversaire, c'est une année particulière ?

Pour moi, chaque 27 juillet est important. Je n'ai jamais manqué ce rendez-vous. Je pense à mon mari très souvent, mais ce jour-là je dois être présente devant sa tombe afin de me souvenir. Afin aussi de rencontrer mes compatriotes qui VENERENT sa mémoire. Ils viennent du monde entier, et parfois même d'Iran. C'est toujours une journée triste, mais je me dis que le Bon Dieu a sans doute voulu qu'il ne soit pas là pour voir tout ce qui s'est passé depuis sa mort. L'état dans lequel est l'Iran aujourd'hui, les problèmes que nos compatriotes vivent au quotidien... Et tout ce qu'il n'a pas vu en tant que père, notamment la disparition de notre fille Leila, en 2001, à l'âge de 31 ans.
  
Le 27 juillet, la Shahbanou sera présente à la mosquée EI-Rifai, au Caire, lors des cérémonies de commémoration du 30e anniversaire de la mort de Mohammad Reza Pahlavi.
Pour « Point de Vue », l'impératrice a accepté d'évoquer cette cérémonie et le souvenir du dernier Shah d'Iran.
Comment se déroule cette journée ?

Normalement, mes enfants et mes petites-filles m'accompagnent. Cette année, ils ne pourront hélas pas venir. Mais, en général, nous retrouvons tous dans la résidence que le gouvernement égyptien met à ma disposition depuis trente ans. La journée commence par une visite à la tombe du président Sadate. Il a été le seul chef d'État à nous accueillir dans une période très sombre de l'exil. C'est grâce à lui que le Roi a pu mourir à peu près en paix, au Caire. Il a d'ailleurs été assassiné peu après. Madame Sadate est toujours à mes côtés ce jour-là. Nous nous rendons ensuite à la mosquée El-Rifai, où est enterré le Roi. La cérémonie religieuse est assez brève. Après les prières, certaines personnes font des discours ou témoignent. Et puis je reçois tout le monde. Cela me permet de rencontrer des Iraniens venus d'Iran spécialement pour cette journée.


Vous avez régné vingt ans à ses côtés, mais vous avez aussi partagé dix-huit mois d'un exil très dur, de votre départ d'Iran, en janvier 1979, à sa mort, en juillet 1980. C'est cette période qui vous a soudés plus que les années fastueuses?

Sûrement. Nous avons été pourchassés d'un pays à l'autre. Nous avons vécu tout cela ensemble, chaque jour, unis comme jamais auparavant. La manière dont certains pays se sont comportés vis-à-vis de lui et de moi à cette époque est vraiment incroyable. Je le connaissais et je me connaissais moi-même, je savais que ni lui ni moi n'avions mérité ce qui nous est arrivé. Il l'a vécu beaucoup mieux que moi car il savait rester au-dessus des mesquineries, des TRAHISONS. Aujourd'hui, je sais que c'est une expérience de vie que chaque être humain traverse à un moment de son existence. Simplement, pour nous, cela a pris une ampleur considérable compte tenu du contexte politique.


Sur les photos des funérailles, vous semblez assez lointaine, un peu figée...

J'en ai un souvenir assez vague. Il faisait une chaleur épouvantable au Caire. En principe, en Orient, les femmes ne suivent pas les funérailles, mais j'avais demandé au président Sadate la permission de le faire et il a accepté. J'ai donc suivi le convoi funèbre avec mes deux filles et madame Sadate. Le catafalque est parti du palais d'Abdine pour aller jusqu'à la mosquée El-Rifai et nous avons marché derrière lui pendant près de deux heures. C'était très long, mais j'étais soulagée de voir qu'il avait des funérailles dignes du chef d'Etat qu'il avait été. Il y avait des dizaines de milliers de personnes sur le passage du cortège. Après des mois d'anxiété, de pression, je n'avais qu'une pensée en tête : me montrer digne, ne pas craquer.


Ce soir-là, vous avez dormi avec tous vos enfants, dans la même chambre ?

Ali Reza a voulu rester dans sa chambre, mais Reza, Farahnaz et Leila ont dormi avec moi. Ils ont apporté leurs matelas, et nous avons tous dormi sur ce lit improvisé. C'était un moment terrible pour eux et ils étaient ma première responsabilité. Quelques jours après notre arrivée en Egypte, je les avais envoyés à Alexandrie pour qu'ils puissent respirer un peu. Lorsque la santé de leur père s'est dégradée, les médecins m'ont conseillé de les faire revenir afin qu'ils soient présents. C'était important pour qu'ils puissent accepter psychologiquement la mort de leur père. Le Roi est mort vers 10 heures du matin, et la dernière nuit nous l'avons passée dans sa chambre d'hôpital, avec la princesse Ashraf, mon fils aîné, Reza, et quelques très proches. Ma fille aînée, Farahnaz, était présente aussi. Toute la nuit elle a tenu la main de son père, qui était inconscient. Pour la même raison, le jour des funérailles, j'ai été soulagée lorsque Ali Reza, a demandé à descendre avec son frère aîné dans le caveau où devait être enseveli leur père.


Trente ans après sa mort, qu'est-ce qui vous manque le plus?

Son opinion ou son approbation. Très souvent je me demande s'il aurait approuvé telle ou telle décision. C'est une réaction presque instinctive. Lors de sa première opération, à New York, en décembre 1979, il m'avait fait cette recommandation : «Prends soin des enfants et ne te laisse pas marcher sur les pieds. » Cela m'a marquée. Depuis trente ans, je cherche son approbation. Cela a commencé le soir de ses funérailles. En rentrant au palais de Koubbeh après la cérémonie, j'ai eu le réflexe de me rendre à son chevet pour lui demander si j'avais été à la hauteur. Hélas, ce n'était plus possible.


Qu'est-ce qui vous attache encore tant à son souvenir?

Sûrement l'injustice dont on a fait preuve envers lui. Il suffit de comparer l'état de l'Iran dans les années 1970, à celui aujourd'hui pour comprendre combien on a volontairement sali sa MEMOIRE. Une grande partie de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, en dépit de la richesse extraordinaire que représente le pétrole. Et je ne parle pas de l'oppression des femmes. Récemment, une Iranienne a été condamnée à la lapidation. Il y a aussi le regret que ses enfants n'aient pas eu la possibilité de l'avoir auprès d'eux dans les moments difficiles de leurs vies. Et, bien sûr, le souvenir de l'homme que j'ai aimé. Tout cela se mélange, le souvenir de mon mari, du père de mes enfants et du Roi.


Vous avez le sentiment que l'Histoire a été injuste avec lui?

Je ne sais pas ce que l'Histoire retiendra, mais je regrette parfois qu'il ne soit plus là pour lire les courriels et tous les témoignages positifs que je reçois d'Iran depuis quelque temps. Un ami m'a envoyé récemment des tee-shirts, des assiettes, des mugs à notre effigie qui sont fabriqués et vendus sous le manteau à Téhéran. Malgré des années de lavage de cerveau, le jugement des Iraniens sur le règne de mon mari est en train de changer. L'un des derniers devoirs que j'aimerais accomplir serait de le ramener un jour dans son pays, sur sa propre terre. Beaucoup de gens aujourd'hui en Iran disent, sans le nommer: «Que Dieu ait son âme» ou « Que la lumière tombe sur sa tombe». J'aimerais que cette tombe soit un jour en Iran.
  
Dans quelques jours vous serez au Caire pour les cérémonies de commémoration de la mort de votre époux. Ce 30e anniversaire, c'est une année particulière ?


Pour moi, chaque 27 juillet est important. Je n'ai jamais manqué ce rendez-vous. Je pense à mon mari très souvent, mais ce jour-là je dois être présente devant sa tombe afin de me souvenir. Afin aussi de rencontrer mes compatriotes qui VENERENT sa mémoire. Ils viennent du monde entier, et parfois même d'Iran. C'est toujours une journée triste, mais je me dis que le Bon Dieu a sans doute voulu qu'il ne soit pas là pour voir tout ce qui s'est passé depuis sa mort. L'état dans lequel est l'Iran aujourd'hui, les problèmes que nos compatriotes vivent au quotidien... Et tout ce qu'il n'a pas vu en tant que père, notamment la disparition de notre fille Leila, en 2001, à l'âge de 31 ans.
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